Grandes Retrouvailles [Sidney]

Accoudé au comptoir, je discuttais tranquillement avec Emerson en sirotant mon Caffé Latté. Nous discuttions de la pluie , du beau temps, de Claire, du lycée, du boulot, de Claire...
Oui, il nous arrivait en effet assez souvent de parler de Claire... Elle avait beau être ma soeur, par moment je ne la comprenais pas, et avec tout ce qui se passait avec Allie ces derniers temps, ça faisait du bien d'avoir quelqu'un à qui parler, quelqu'un comme Emerson.
Oui, bien sûr j'aurais pu m'adresser aux types de l'équipe, mais bon, ... C'est mes amis, et je ne voudrais pas les vexer, mais franchement, ces types sont des imbéciles. Mises à part les plaisanteries douteuses de mauvais goût sur les filles, ils n'excellaient pas vraiment par leur conversation...
Alors aujourd'hui, comme tous les jours, je passais par le Starbucks pour voir Emerson, & en plus, ça lui permettait de faire une petite pause entre tous ces gosses de riches qui venaient se faire servir ici à longueur de temps, ne manquant pas de lui rappeler ce que Claire était devenue...

Ce matin, rien n'allait bien. Mon psy avait refusé de me renouveler mes anti-dépresseurs, & j'étais en retard pour mon entretien avec la conseillère d'orientation, qui devait statuer sur mon éligibilité dans une fac de l'Ivy League. Sans anti-dépresseurs, j'aurais besoin d'une sacré dose de caféine pour tenir le choc.
Malgré mon entrée fracassante dans le Starbucks, la serveuse semblait ne pas avoir remarqué ma présence. Quelle idiote! Elle était là à sa petite conversation médiocre alors que mon avenir reposait sur ce double espresso sans sucre. Mon impatience se fit de plus en plus ressentir.
En plus de ça, il y avait devant moi o3 filles qui jacassaient. Préféreraient-elles un cappucino ou un café viennois? Leur choix s'éternisait, je n'en pouvais plus!

Je voyais aux coups d'oeil qu'elle lançait à Sidney qu'Emerson s'amusait à la faire attendre. C'était pour elle sa manière de se venger de ce que lui avait fait subir Claire en se faisant happer par ce monde de dingues.
Mais quand les jeunes filles indécises se décidèrent enfin, je vis le visage de celle qui était derrière eux.
Sidney...
C'était bien la dernière personne que j'aurais imaginé rencontrer... Ce qui était idiot à penser, puisque c'était ici que je l'avais rencontrée... Mais je suppose que j'avais juste esperé ne plus jamais la recroiser, pour ne plus avoir à être confronté directement au fait que c'est moi & moi seul qui avait tout gaché avec Allie...

A quel petit jeu jouait cette serveuse idiote? Le manque de caféine associé à la lenteur m'énervait vraiment. Et c'est là que je le vis. Matthew. Une aventure d'un soir de plus, si l'on peut dire, puisque nous nous étions "bibliquement connus" en plein après midi... Enfin, pour moi, cette petite expérience appartient totalement au passé, et il n'est pas question que je revienne sur ce que j'ai fait.
Par chance, je doute qu'il ait le cran de s'avancer jusqu'à moi.

Oh Crap

Eh oui, visiblement, je suis pas si forte pour cerner les gens, puisque le voilà qui s'approche, un sourire timide aux lèvres... C'était craquant la première fois, mais là ça commence à me lasser...
Qu'est-ce qu'il espère, au juste?

Je m'étais avancé, & je constatais maintenant que Sidney aurait préféré que je ne le fasse pas. Mais dans une telle situation, comment se comporter avec une ex qui n'en est même pas vraiment une? La vie est tellement compliquée des fois... Et puis de toute façon il était trop tard, je ne pouvais plus faire marche arrière.
Lui adressant un sourire sympathique, je lui dmandais :

"Sidney! Ca fait un bail! Comment tu vas?"

Oui, effectivement, ça faisait un bail, mais bon, je n'avais pas vraiment cherché à la revoir... Ca aurait servi à quoi? Ce n'est pas comme si nous avions vécu une histoire vraie & belle... Et puis, je ne savais rien d'elle, alors à quoi bon?

Alala... Décidemment, celui là était bien trop naïf... Croisant mes bras, j'observais la serveuse, franchement pas décidée à me verser mon café pour le moment. Alors, je revins sur Matthew, et décidai de l'aider un peu.

Ecoute, Matt', ne fais pas genre ça t'interesse. On sait tous les o2 que tu n'en as rien à faire e moi, & ce n'est pas grave parce que moi-même, je n'en ai rien à faire de toi. Allons, ne prends pas cet air offusqué. Qu'est-ce que tu voulais, qu'on devienne ami? Je suis pas quelqu'un de fréquentable. Mais quand on y repense, toi non plus... Quoi? Tu me crois pas? Alors explique moi pourquoi tu fais tout pour fuir cette fille qui te rend dingue, & dès que tu y arrives pendant disons 5 minutes, tu culpabilises tellement que tu me plantes en plein milieu des toilettes du club. Comment je sais ça? Je le sais, c'est tout. Alors il serait peut-être temps que tu arrêtes ton petit jeu ridicule. Soit tu veux cette fille, soit tu la veux pas, mais tant que tu n'auras pas pris une décision, tout ira de travers. Tu penses que j'suis à côté de la plaque? Okay, mais réfléchis y, et tu verras que j'ai raison. Arrête un peu de te voiler la face. Tu passes ton temps à attendre qu'elle prenne une décision à ta place, mais tu sais quoi? Ca n'arrivera pas! Si tu veux que les choses changent, il faut que tu les provoques. Il n'y a pas d'autre solution. Alors cesse de te comporter comme un gosse. Au fond, tu sais ce que tu veux, alors arrête d'être aussi passif.

Pendant le temps de mon petit discours, la serveuse m'avait apporté mon café. Elle me fixait, stupéfaite. Je me contentai d'attrapais mon café, et de sortir, me retounant une dernière fois sur mon "ex"

A la prochaine, Matthew.

Wahou... Je restais bouche bée. Je ne me serais jamais attendu à ce qu'elle me dise tout ça. Je ne lui avais même jamais parlé d'Allie. A vrai dire, je ne lui avais parlé de rien du tout. Elle savait, c'était tout.
Tout ce qu'elle me dit aurait dû me faire mal, mais en fait, pas tant que ça... En y réflechissant, je me rendais bien compte qu'elle avait raison. Cette situation de doute et d'insécurité ne pouvait durer. J'avaisun choix à faire, et il s'agissait de faire le bon... C'est vrai que j'aurais aimé qu'on m'aide, mais pour le coup, j'étais seul. Je ne pouvais exiger de Sidney qu'elle me donne toutes les réponses. Mais en tout cas, ma tactique du "attendre & voir" devait prendre fin.
Je finis d'un trait mon cappucino, qui avait refroidi, et adressant un signe de la main à Emerson, je sortis du Starbucks sans un mot. Devant la porte, je pris une inspiration profonde.
Ca avait été rapide, mais désormais, je savais ce qu'il convenait de faire. Et j'allais le faire. J'en avais besoin. & Allie aussi.

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